Examens : le piège de la calculatrice

À l’approche des examens, des hordes d’élèves se ruent massivement vers leurs calculatrices scientifiques pour les gaver de formules qu’ils rechignent à apprendre ou craignent d’oublier. Formulaire de trigonométrie par-ci, théorèmes de comparaison par-là, tout est rentré parce que tout peut être rentré, et l’élève se sent fin prêt. Pourquoi ne le serait-il pas, puisqu’à défaut de le connaître sur le bout des doigts, il a littéralement son cours à portée de doigts ?

Loin de moi l’idée de vous dissuader d’utiliser un outil autorisé et qui, le cas échéant, peut s’avérer un allié précieux si, à un rendez-vous important de votre parcours académique, la mémoire vous pose un lapin. Il serait effectivement dommage que le  » par cœur  » prenne ainsi le dessus sur le raisonnement et l’intuition, en ce sens qu’on se retrouverait pénalisé non pas par un défaut de compréhension, mais par un trou de mémoire. Toutefois, combien ai-je vu, parmi mes voisins de table lors des examens, de doigts fébriles passant la plus grande partie de l’épreuve à tapoter nerveusement sur leurs calculatrices, comme s’ils textotaient un SOS à l’adresse d’un ami imaginaire, pendant que ceux qui connaissaient mieux leurs formules avançaient sereinement dans le sujet…

Vous pourrez me répondre que le temps perdu à retrouver une formule dans sa calculatrice, par rapport à celui qui la connaît déjà, reste négligeable, à condition qu’il sache où chercher. J’acquiescerais volontiers, en ajoutant toutefois :  » à condition qu’il sache QUOI chercher.  » Voici en effet le plus gros écueil qui guette les adeptes du cours format calculatrice : à trop s’appuyer sur ce support, non seulement ils se relâchent au niveau de l’apprentissage des formules, mais aussi et surtout, leur vision globale du cours baisse. Autrement dit, ils en arrivent, le jour J, face à une question bloquante, à se demander s’il n’y aurait pas un théorème qui leur permettrait de la résoudre. Et ils cherchent encore et encore, fébrilement, pendant de longues minutes, sans savoir si le blocage vient de la difficulté technique de la question ou de l’oubli d’un théorème. Voyez la différence avec l’élève qui sait qu’il faut utiliser tel théorème, mais qui a un doute sur l’une de ses hypothèses.

Mettre quelques formules dans sa calculatrice si on craint de se tromper dans leur restitution, pourquoi pas. Mais le cours doit être su dans sa globalité. Le parapet ne doit pas se substituer à la route.