Choc épique

Pour le noble élixir deux écoles s’affrontent :
l’ordre des ingrédients fait diverger leurs membres.
Je me place devant les plus grands de leurs pontes
sur le point de s’occire à l’orée de novembre.

Les regards assassins jetés d’un camp vers l’autre
me font craindre pour moi, mais armé de courage
je passe outre l’émoi pour me faire l’apôtre
du calme car quelqu’un doit conjurer l’orage.

Faisant partie moi-même d’un de ces deux clans,
j’accepte l’anathème et double accusation :
ceux d’en face font mine de flairer un plan ;
les miens pointent mon manque de sainte passion.

Ma plaidoirie retarde les échauffourées
mais pas pour très longtemps. Fusent les noms d’oiseaux,
les couverts éclatants : pacifistes courez !
Les esprits revanchards fument par leurs naseaux.

Bellicistes fanés, ils se prennent pour cibles,
par salves soutenues de puissants sortilèges.
La table devenue chaos indescriptible,
mon petit-déjeuner se trouve pris au piège.

L’autre camp victorieux veut me faire féal
mais je ne changerai sûrement pas de bord.
Je mets au fond du bol mes brunes céréales
n’en déplaise aux factieux versant le lait d’abord.

A.H.