Cent mercis

Sa plume démolie dans un duel de pointes,
le poète maudit se mourait dans l’hiver.
Fauché dans son recueil de syllabes conjointes,
il avait fait le deuil de la phrase et du vers.

Mais voici qu’un ami, qu’un être généreux
voulut redonner vie aux lettres enterrées.
Le poète reclus dans les bas-fonds véreux
d’un poing tremblant reçut le cadeau acéré.

Sa lame retrouvée, le vengeur à virgules
avait les yeux rivés sur ses rivaux d’antan.
Au moyen d’un brûlot, d’un pamphlet, d’une bulle,
il enflammait les mots de son métal dansant.

A.H.