De ma cité vaincue

L’air dénué d’humeur pèse en pays conquis.
L’avenir crie « rends-toi ! » Les avenues sont pleines
de rêveurs sans étoile imbus d’ambition qui
trompés sur le bonheur aspirent à la peine.

Nul besoin pour acter l’état d’occupation
chez les peuples défaits de tenue militaire.
Le parfum contrefait des globales passions
assombrit la cité de sa brume d’éther.

La lumière la boude et la grâce la fuit.
L’on falsifie ses pages tandis qu’en traverse
l’infertile feuillage un nuage sans pluie
excepté le bruit sourd de cette acide averse :

Pleuvent les coups mesquins des mains qui les assènent.
Le bandit sort couvert des plus nobles valeurs.
L’honneur se réverbère en cent sordides scènes
qui ne méritent point qu’on les filme en couleur.

Mais l’encre aide à tenir, à venir ou séchée,
sienne ou celle d’autrui, s’il faut faire nation
avec des sans-appuis au sourire ébréché,
privés de souvenir et d’imagination.

A.H.