Jérémiades

Chers téléspectateurs qui escomptiez que par
la gravité du temps cessent les commérages,
vous verrez j’en ai peur du matin jusqu’au soir
défiler sur l’écran de curieux personnages.

Du premier le nom rime avec les cris d’orfraie
de la philosophie séquestrée sous ses traits.
Il hait la jérémiade et ne veut point que l’on
plaigne telle peuplade aux enfants sans violons.

C’est bien de cette enfance affamée dans le sang
des bombes que madame Pina trouve humaines,
c’est de ces enfants-là que parle l’indécent
inspirant dans l’offense mille énergumènes.

« Qui déclare en premier la guerre doit subir
ses affres sans broncher », répètent tant de sbires
qui sont assez menteurs ou peut-être assez bêtes
pour clamer que l’horreur a démarré le sept.

L’opposant, le choqué, simplement l’ahuri
sous des prétextes faux sont sommés de se taire.
Mugissant comme un veau, l’enragée Naouri
se targue de bloquer toute aide humanitaire.

Mauvais en comédie, Michel joue les grands cœurs
mais fait tomber le masque au pied de sa rancoeur.
« Il faut qu’affront s’efface et la coupable ville
qu’en cendre l’on réduit n’abrite aucun civil. »

Chaque jour se poursuit l’impuni génocide
et son flot d’avocats aux verbiages indignes.
Au sommet de l’État, sur ces discours putrides,
notre premier sinistre adulescent s’aligne.

Tous les démons ne peuvent jouer les séraphins..
Certains trop disgracieux pour suivre la cadence
dans l’inhumanité conservent tant d’avance
qu’il nous faut vous laisser le plus gros pour la fin.

Insupportable à l’ouïe, sa voix de veule lourd
tente de convoquer quelque larme en secours.
Les trois mentons qui fuient du colon de concert,
Gaza martyrisée te traitent de cancer.

A.H.