La fuite en arrière

Voyageur jusqu’au bout de l’insatisfaction,
j’aurais vu tout mon saoul de peuples et factions.
Mon périple me perd en nuances de glaise :
les nations de la terre entière me déplaisent.

Du souvenir lointain de valeurs authentiques,
chacune fait commerce en sa belle boutique.
Le passé se vend bien mais l’on fera la guerre
à toute âme que berce un parfum de naguère.

Car la fuite en avant n’entend point composer
avec les déserteurs à même de causer,
la bravant, l’entravant, un quelconque retard
aux vents transformateurs de l’homme en avatar.

Voyageur dans le temps ne trouvant point ma place
en ces nouveaux courants dont les remous me lassent,
si dans ce siècle vil il me faut résider,
je cherche par l’exil l’asile à mes idées.

Puisqu’en tous les sillons le moderne fait rage,
dressons ce pavillon en berne et sous l’orage,
puisons dans l’air marin le courage de fuir
mes chers contemporains voulant me déconstruire.

Un jour j’accosterai mais quel que soit le port,
je me retrouverai devant ces lettres d’or :
« la liberté de mœurs ne peut se refuser ! »
Je le puis si je meurs ou me cloître en musée.

A.H.