Roule progrès toujours plus vite
et tue d’un trait le mot « passé ».
Ta colonne que nul n’évite
brise tout vase en pot cassé.
L’inexorable mouvement
se déchaîne sur l’intrépide
résistant même inconsciemment
à son avance ultrarapide.
Mais ce jour-là devant les chars,
l’homme à la dégaine enfantine
déplie de sa poche un mouchoir
puis épluche une clémentine.
Il en mastique lentement
les quartiers un sourire en coin
au milieu des quartiers fumants
dont la colonne a bien pris soin.
L’œil décidé mais l’âme en fleur,
il est malgré le feu latent
toujours en vie : c’est que pour l’heure,
la compagnie des chars l’attend.
A.H.