Le temps des floraisons

Privée d’eau, du soleil des humaines chaleurs,
les cheveux dans le vent d’adultes démissions,
tu nargues leurs conseils et prétendues valeurs,
jeune pousse du temps des grandes dépressions.

Escomptant de l’aîné la sagesse ou l’exemple
pour le trouver abscons, tu foules en doutant
les passions calcinées, cendres de tous les temples
et t’en vas épancher ta soif d’un remontant :

L’ordre en place parvient à te vendre en bouteille
cet air que l’on respire hors des sentiers battus.
Car contrôlant le bien, les monstres que tu payes
sont capables du pire au nom de la vertu.

Harnachés de cent poids, titres honneurs fortune
– ces habits d’apparat contrefaits ou spoliés –
ils dictent en gardiens leur paix inopportune ;
ton âme se débat des mains de ses geôliers.

Jeune pousse ce monde enseveli de ronces
ne saurait prévenir ta noble floraison.
Tant que ta verve abonde et tes sourcils se froncent,
ton ciel ne peut tenir sous de faux horizons.

A.H.