Les fleurs de l’aube

Déployant l’aile entre deux âges,
de jeunes rides au visage,
il revenait d’un long périple
aux joies et déceptions multiples.

Tenant les vertus en otage,
l’argent qui régnait sans partage
l’avait condamné à l’exil
de mille miroitants asiles.

Une tempête ou deux orages
vinrent gâter son paysage,
secouant le pont d’un navire
que les vagues voulaient gravir.

Sur le gouvernail difficile
se fermait son poignet gracile,
puisant des zestes de courage
d’un noble et restreint entourage.

Il se sentait le plus lié
aux travailleurs d’arrache-pied ;
car d’avoir le cœur à l’ouvrage
le gardait de bien des mirages.

Il rentra lorsqu’il jugea sage
de mettre au bout de son sillage
un point-virgule et puis final
en passant du fleuve au canal.

Retrouvant enfin son village,
il imprégna son fier pelage
des fleurs de l’aube printanière
qui embaumaient dans sa tanière.

A.H.