Néron le beau parleur en préparant ses Jeux
exige que les cœurs de tous les Romains vibrent
et qu’ils prennent pour vrai son serment courageux
de plonger le premier dans l’eau sale du Tibre.
C’est bien peine perdue de nettoyer le fleuve :
quels que soient les efforts, il suffit d’une crue
pour les anéantir. Mais qu’il vente ou qu’il pleuve,
l’empereur veut que l’on assainisse les rues.
Pour éviter de voir nos gardes prétoriens
se charger de la tâche avec le plus grand soin,
digne ressortissant de ceux qui ne sont rien,
déplace ta misère un petit peu plus loin.
Quant à vous déclassés, plébéiens en sursis,
vous serez tolérés en connaissant vos places
et pourrez accéder aux quartiers bien précis
où l’on permet d’errer aux gens de votre classe.
La ville en mutation pour accueillir le monde
se doit de s’empresser de soustraire à ses yeux
par cette épuration les spectacles immondes
que risquerait d’offrir l’indocile ou le gueux.
Néron qui détruit tout sur son glorieux passage
recoiffe ses cheveux de startupeur épique
et s’apprête à livrer, concluant le saccage,
ce qu’il reste de ruine à la flamme olympique.
A.H.