Ode à l’ombre

Laisser couler le temps, et l’encre macérer.
Le poignet en suspens, mais la plume acérée.
Attendre calmement que le faucon s’envole,
patient car la latence est lourde de symbole.

Dédaigner le pouvoir. En mépriser les jeux.
A l’ombre est le devoir ; les éclats nous moquons.
Tisser sa juste part du grand manteau neigeux,
sans briguer le mandat de premier des flocons.

Laisser les haut-parleurs aux meilleurs charlatans,
l’essaim des beaux parleurs se charger de l’entracte,
flattant l’ouïe des sourds de discours éclatants
qui sont à la sagesse, ce qu’au livre est le tract.

Ne t’en insurge pas, car le ciel a le temps
de changer en trou noir l’étoile de naguère.
Sois un souffle assuré, dans ce siècle haletant,
un soldat inconnu qui fait gagner la guerre.

A.H.