Bien connaître son cours pour savoir ce qui ne s’y trouve pas

« Il faut connaître son cours ». D’aucuns diraient que c’est une tautologie. Bien sûr qu’il faut connaître son cours. Il faut connaître son cours pour savoir restituer les questions de cours, il faut connaître son cours pour réussir ses applications directes, et il faut connaître son cours pour que ses démonstrations nous donnent de bonnes idées dans des exercices plus ambitieux. Ai-je quelque chose à dire de plus que ces banalités ?

On décrit rarement l’intérêt du cours par  » le complémentaire du cours  » (ce qui ne s’y trouve pas) :

– bien connaître son cours, c’est connaître les théorèmes, les propositions, savoir les appliquer, restituer les preuves principales etc…

– parfaitement bien connaître son cours, c’est savoir avec certitude ce qui s’y trouve et, par opposition, ce qui ne s’y trouve pas. En devoir sur table ou en examen, c’est le nerf de la guerre. Cette connaissance permet de ne pas perdre un temps inutile à regarder la question d’un air perdu, et à se demander si notre blocage vient d’une formule perdue du cours, ou s’il faut tout de suite penser à autre chose : les données de l’énoncé, les questions précédentes, une astuce plus ambitieuse…

Au lycée, les énoncés peuvent encore se montrer sympathiques :  » on ne cherchera pas à calculer cette intégrale « , afin que les moins vifs (ou les plus présomptueux, l’intersection de ces deux ensembles n’étant malheureusement pas vide…) ne se lancent pas dans un calcul impossible à leur niveau. Mais dans le supérieur, et en particulier aux concours de CPGE, il ne faut pas s’attendre à une telle bienveillance. Souvenir nostalgique de mes camarades et moi, en panique dans une salle bondée du parc floral, affairés à chercher, en pleine épreuve de physique, dans nos calculatrices pour voir si une formule salvatrice – qui  » plierait  » la question – ne nous aurait pas échappé. Autrement dit, on a beau avoir, pour certaines épreuves, la possibilité d’accéder aux formules du cours, le fait de savoir celles qui ne s’y trouvent pas évite un temps de recherche inutile. Même dans des concours réputés pour être moins exigeants en termes de connaissance scholastique du cours, mais évaluant plus l’élève sur les idées astucieuses dont il pourrait faire preuve (ce qui était le cas de Mines-Pont en comparaison avec Centrale à mon  » époque « , et ce qui me semble toujours être plus ou moins le cas aujourd’hui), le fait de savoir détecter rapidement que telle question fait ou ne fait pas appel à une propriété du cours permet de dégager un temps fou.

Considération qui peut être prise en compte même par le type d’élève (dont il me faut confesser avoir fait partie) se complaisant dans une connaissance approximative – voire satisfaisante mais sans plus – du cours ( » de toute façon, je peux acquérir l’expérience des sujets et les techniques en faisant des annales »). Ce cours qu’il oppose plus ou moins fallacieusement au petit éclair de satisfaction qui nous traverse lorsqu’on fait tomber une question difficile à l’aide d’une astuce bien sentie.

Si ces lignes peuvent motiver les quelques récalcitrants à tirer profit de cette période de confinement pour perfectionner cet apprentissage du cours, et ne plus y voir (qu’)une corvée mais (aussi) un allié technique, lesdites lignes auront atteint leur objectif.